Œsophagites caustiques

Selon les chiffres de l’OMS publiés en 2004, on estime un nombre de 110.000 personnes qui sont exposées annuellement au risque de l’inflammation de l’œsophage dû à l’ingestion d’un produit caustique (la soude, l’eau de javel…) causant des lésions dans la paroi interne de l’organe.

L’OMS a révélé également qu’en 2004 un taux de mortalité annuel de 4.8 sur 100.000 personnes a été constaté. Cette exposition aux produits caustiques est de nature accidentelle pour la majorité des enfants. Par contre, elle prend une ampleur suicidaire chez les adolescents et les adultes.

Les lésions causées par les produits caustiques diffèrent selon la nature du liquide ainsi que la quantité absorbée. Généralement une quantité supérieure à 45 ml est de nature à provoquer des lésions très graves, tandis qu’une quantité inférieure à 15 ml peut causer uniquement des lésions modérées.

Classification des lésions

La prise en charge médicale dépend en grande partie par le degré de sévérité des lésions digestives.

L’évaluation par endoscopie peut être optimale si elle est effectuée dans un délai variant de 6 à 24 heures après l’indigestion. Toutefois, elle risque d’être peu efficace, dans les cas d’une exposition aux caustiques dépassant les 24 heures.

Il y a lieu de signaler que plusieurs spécialistes ont recommandé de limiter la soumission des enfants à l’endoscopie seulement aux cas d’apparition des signes cliniques (vomissement, dysphagie…)

. À cet égard, il faudra distinguer entre plusieurs stades de gravité :

Stade 0 : normal

Stade 1 : érythème œdème

Stade 2a : ulcération superficielle

Stade 2b : ulcération creusant

Stade 3a : nécrose focale

Stade 3b : nécrose diffuse

Nb 1 : une intervention chirurgicale est préconisée pour les enfants souffrant de lésions circonférentielles.

Nb 2 : une intervention chirurgicale n’est pas nécessaire pour les enfants souffrant de brulures minimes.

Traitements

La prise en charge de l’œsophagite caustique nécessite plusieurs actions :

– Il faudra laver les yeux et la face à l’eau stérile.

–  il faudra récupérer un échantillon du produit absorbé afin d’en déterminer la nature.

– Le patient est mis sous perfusion tout en gardant une position semi-assise.

– Il est important de procéder avec les gestes de premiers secours avant hospitalisation en urgence.

 – Il est impératif que le patient soit en anesthésie générale au cas de présence de signes cliniques sévères.

– Un examen buccal est administré pour déterminer le degré d’atteinte buccale.

– Une endoscopie digestive est effectuée en présence du chirurgien viscéral.

– Une fibroscopie est faite si des signes respiratoires sont constatés.

  • Traitement médical

Il existe plusieurs traitements médicaux qui sont préconisés dans les cas de lésions caustiques. Ainsi pour les patients dont les brulures sont de stade 3, une prise en charge alimentaire est effectuée par voie entérale.

De plus, un traitement inhibiteur de la pompe à protons est conseillé pendant une période de 6 semaines et ce dans le but d’éviter d’éventuels reflux gastro-œsophagien. L’administration d’une antibioprophylaxie par voie veineuse puis orale est aussi indispensable. 

  • Traitement chirurgical

Le recours à la chirurgie devient inévitable en cas de présence de lésions de nécrose diffuse afin d’éviter une éventuelle extension vers les organes avoisinants.

Traitement des complications

Plusieurs complications peuvent survenir après l’indigestion de produits caustiques, certaines sont précoces, d’autres sont par contre tardives.

  • Les complications précoces : Elles sont généralement d’ordre respiratoire qui nécessitent une prise en charge en réanimation.
  • Les complications tardives : elles se traduisent généralement par des sténoses Œsophagiennes qui nécessitent une prise en charge de longue durée

Un suivi à long terme

Une surveillance est indispensable dans la mesure où le risque de développement de carcinome est toujours envisageable. On estime un intervalle allant de 40 ans entre la date d’exposition aux produits caustiques et l’apparition du carcinome.

À cet égard, il est recommandé d’effectuer une surveillance endoscopique après une période de 15 à 20 ans de la date d’exposition, ainsi que des contrôles endoscopiques chaque an.